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eux ; mais en toute candeur et, ce qu’il y a de grave, ils traitent sans aucun souci du sentiment de la moralité tous les sujets possibles et notamment ceux qui pourraient mettre quelque force morale et quelque ton dans les âmes. Les vieilles légendes, nationales ou autres, qui auraient souvent un grand sens et une grande portée et qui seraient de nature à faire réfléchir, ils les traitent en beauté, uniquement, et en considération seule de l’agrément qu’elles peuvent avoir. Pourvu que la bulle de savon soit brillante et chatoyante et s’envole avec grâce, ils sont pleinement satisfaits.

Et, après tout, on ne peut guère leur demander autre chose et le foulon n’a qu’à fouler ; mais le malheur c’est que ce peuple attribue à ces jeux une importance extraordinaire et ne voit rien au monde de plus considérable. C’est précisément le moyen de rester enfant éternellement. L’enfant a raison de s’attacher au beau et de s’en pénétrer en quelque sorte, et, si je faisais un traité de pédagogie, c’est bien, quoique avec toutes sortes de précautions, par la mousikè, tout autant que par la gymnastique et peut-être un peu plus, que je dresserais les nourrissons de la cité. La vue de la beauté donne à l’âme l’eurythmie nécessaire.

Mais ce n’est là qu’un moyen d’éducation, c’est un acheminement ; ce n’est pas le but. Les Athé-