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surtout les Lois sont d’un Moïse attique, d’un Moïse qui écrit les tables de la loi sur le Cap Sunium.

Et pour ce qui est de mythologie, moitié dernier éditeur des philosophes mythiques qui l’ont précédé, moitié créateur et inventeur, il en fait une tout entière, il en construit une qui est intégrale, à quoi il ne manque rien et qui est à ravir l’imagination. On peut même dire, et on le verra assez par la suite, que Platon est hanté par le mythe comme un voyant par des visions. Je ne crois pas qu’il faille du tout dire que ses mythes sont des ornements dans ses dialogues. Ils sont, sinon la substance même de l’esprit de Platon, du moins un des éléments principaux de sa pensée. Je le crois, sans doute, surtout un esprit abstrait ; mais je le crois en même temps un esprit qui a besoin de voir la métaphysique en tableaux pour se satisfaire pleinement.

En cela très grec, et d’une race dont c’est précisément la marque distinctive qu’elle avait l’esprit aussi subtil que plastique et aussi plastique que subtil et qu’il lui était difficile de sacrifier une de ces facultés à l’autre et de faire plier l’une des deux sous la pression de l’autre, quelque forte que fût celle-ci.

Le mythe est donc ce que Platon respire, comme