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leurs disputes et de leurs guerres, n’est-ce pas ?

— Sans doute.

— Il suit de là qu’une même chose est aimée et haïe des Dieux ; qu’elle leur est en même temps agréable et désagréable ?

— Cela me paraît ainsi.

— Et par conséquent le saint et l’impie sont la même chose.

— La conséquence pourrait bien être exacte.

— … De sorte qu’il pourrait bien se faire que l’action que tu fais aujourd’hui en poursuivant la punition de ton père plût à Jupiter et du même coup déplût à Saturne ; quelle fût agréable à Vulcain et désagréable à Junon… »

Plus sérieusement, mais avec quelque sournoise ironie encore, dans le Timée, qui est de ton dogmatique, Platon commence par parler des Dieux auxquels il est évident qu’il croit et qui sont tout simplement les astres du ciel ; puis, arrivant aux Dieux mythologiques, il en discourt de cette façon : « Quant aux autres divinités, nous ne nous croyons pas capables d’en expliquer l’origine. Le mieux est de s’en rapporter à ceux qui en ont parlé autrefois, et qui, issus de ces Dieux, comme ils le disent, doivent connaître leurs ancêtres. Le moyen de ne pas croire en cela des fils de Dieux, bien que leurs raisons ne soient ni vraisemblables