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Les poètes sont des enfants eux-mêmes qui aiment à avoir peur, qui aiment les histoires de revenants et de prodiges, qui ne comprennent rien à la divinité, qui en donnent des idées fausses et méprisables et qui n’inspirent pas aux hommes autre chose qu’une parfaite immoralité sous le voile de la tradition et de la religion nationale. Il faut « veiller sur les poètes et les contraindre à nous offrir dans leurs vers un modèle de bonnes mœurs ou à n’en point faire du tout ».

Mêmes choses à dire, du reste, de tous les artistes, quoique ceux qui ne se servent point de la parole soient moins directement corrupteurs. Il faut empêcher en général tous les artistes « de nous donner soit en peinture, ou en architecture, ou en quelque autre genre que ce soit, des ouvrages qui n’aient ni grâce, ni correction, ni noblesse, ni proportions. Quant à ceux qui ne pourront faire autrement, nous leur défendrons de travailler chez nous, dans la crainte que les gardiens de notre république, élevés au milieu de ces images vicieuses, comme dans de mauvais pâturages et se nourrissant, pour ainsi dire, chaque jour de cette vue, n’en contractent à la fin quelque grand vice de l’âme, sans s’en apercevoir… »

Voilà ce que Platon pense, en résumé, de la République des lettres et des arts. Il la considère