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la plus sûre pour en bien juger. Et « comme ils composaient leurs pièces d’après ces principes et qu’ils y conformaient leurs discours, peu à peu ils enlevèrent à la multitude toute bienséance et toute retenue, et elle en vint à se croire en état de juger par elle-même… »

« C’est ainsi que le gouvernement d’Athènes, d’aristocratique qu’il était est devenu théâtrocratique. » — La théâtrocratie athénienne a eu pour effet d’affranchir tout citoyen, « le désordre passant des beaux-arts à tout le reste », de tout respect pour les magistrats, les supérieurs et les meilleurs, et de là l’on est passé « au mépris de la puissance paternelle et des vieillards » et de là à « secouer le joug des lois », et de là à ne respecter « ni promesse, ni serments, ni dieux, imitant et renouvelant l’audace des anciens Titans ».

Tout cela était en germe dans la théâtrocratie, ou tout au moins la théâtrocratie a contribué à tout cela dans une large part.

Aussi bien c’est la théâtrocratie quia tué Socrate, et voilà une preuve qui en vaut quelques autres.

Pour en revenir aux poètes en général, il n’est pas très étonnant que ce soit un représentant des poètes, comme l’a dit Socrate en son apologie, un faiseur de tragédies et de dithyrambes, Mélitus, qui ait accusé Socrate de corrompre la jeunesse ;