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de l’ostracisme afin d’être dix ans entiers sans entendre sa voix ? N’eut-il pas la même conduite à l’égard de Thémistocle et de plus ne le condamna-t-il pas au bannissement ? Pour Miltiade, le vainqueur de Marathon, ils le condamnent à être précipité dans la fosse et, sans le premier Prytane il y eût été jeté. Cependant, s’ils avaient été bons citoyens, comme tu le prétends, il me leur serait arrivé aucun mal. Il n’est pas naturel que les habiles conducteurs de chars ne tombent point de leurs chevaux dans les commencements et qu’ils en tombent après avoir rendu leurs chevaux plus dociles et être devenus eux-mêmes meilleurs cochers… »

Il faut conclure de tout cela que la démocratie, si l’on en juge par l’exemple d’Athènes, est un assez mauvais état politique, puisque ses plus illustres chefs sont toujours par elle jugés mauvais, ce qui condamne eux ou elle, et en dernière analyse elle toujours, étant clair que, si elle ne se trompe pas quand elle les renverse, c’est qu’elle s’était trompée quand elle les élut.

À la vérité, ce gouvernement se donne un beau titre : il se flatte d’être le gouvernement des Lois ; et il se donne un beau mérite : il affirme que sous son régime ce n’est aucun homme qui commande, mais la loi seule, et que personne n’y est sujet que