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tiade, Thémistocle, aient été de bons citoyens ?… S’ils ont été bons citoyens, il est évident qu’ils ont rendu leurs compatriotes meilleurs, de pires qu’ils étaient auparavant… Or, c’est le contraire qui est arrivé. J’entends dire, en effet, que Périclès a rendu les Athéniens paresseux, lâches, babillards et intéressés, ayant le premier soudoyé les troupes. D’autre part Périclès s’acquit au commencement une grande réputation, et les Athéniens dans le temps qu’ils étaient plus méchants sans doute, n’ayant pas encore été améliorés par lui, ne rendirent contre lui aucune sentence infamante ; mais sur la fin de sa vie, quand ils furent devenus bons et vertueux par ses soins, ils le condamnèrent pour cause de péculat et peu s’en fallut qu’ils ne le condamnassent à mort, sans doute comme un mauvais citoyen… On tiendrait pour méchant gardien tout homme qui aurait des ânes, des chevaux, des bœufs à garder, et si ces animaux, devenus féroces entre ses mains, ruaient, frappaient de la corne, mordaient, quoiqu’ils ne fissent rien de semblable lorsqu’on les lui a confiés… »

Périclès est l’exemple le plus illustre de ce phénomène, qui, de quelque façon qu’on l’interprète, va contre la démocratie ; mais il n’est pas le seul. Voyez Cimon et les autres : « Le peuple, dont Cimon prenait soin, ne lui fit-il pas subir la peine