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tion ; car il y répond souvent et avec vivavité et avec verve. J’entends bien, dit-il, que l’on me veut parler des Miltiade, des Thémistocle, des Périclès et des Cimon. Je respecte ces grands noms de l’histoire athénienne ; seulement, je fais deux remarques : la première que ces grands hommes ne semblent pas avoir amélioré beaucoup leurs concitoyens ; et la seconde que leurs concitoyens les ont tous accusés, reniés, condamnés, proscrits ; d’où il faut bien conclure de deux choses l’une, ou que ces grands hommes étaient des coquins dignes de châtiment, ou qu’ils étaient incapables d’améliorer leurs concitoyens, puisque c’est après avoir été gouvernés et dressés par eux pendant des années que leurs concitoyens avaient la perversité de les condamner ; d’où il faut en définitive inférer de trois choses l’une : ou que la démocratie se donne des chefs qui sont des scélérats et qu’elle est forcée de frapper ; ou qu’elle se donne des chefs si incapables qu’ils la rendent plus féroce au lieu de la civiliser ; ou que la démocratie, quand elle n’a pas été aveugle, s’empresse de devenir ingrate ; — et aucune de ces conclusions n’est à l’éloge de la démocratie, ni de nature à en faire prendre le goût.

« L’objet de l’homme d’État est de faire de bons citoyens… Or te semble-t-il que ces personnages dont tu parlais tout à l’heure, Périclès, Cimon, Mil-