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I

LES HAINES DE PLATON : LES ATHÉNIENS.



Les natures fortes subissent l’influence de leur temps tout comme les natures faibles. Seulement elles la subissent à contre-fil. Elles la subissent, non pour y céder, mais pour se révolter contre elles ; ou plutôt, non pour s’y conformer, mais pour la bien connaître et pour s’en rendre compte, si bien qu’elles sont amenées à la corriger, à la redresser et à l’épurer.

Platon était un Athénien dans la pleine acception du mot et dans la plus noble. Il était extrêmement civilisé extrêmement loin de ce que l’on se figure, sans se tromper évidemment beaucoup, comme la nature primitive. Il était de race noble, longtemps affinée de générations en générations ; il était beau, à ce qu’on assure ; il était artiste. Il avait reçu une éducation gymnastique et aussi « musicale », c’est-à-dire littéraire et artistique. Il