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mythes et des obscurités d’allusions à des choses connues des Grecs et que nous ne connaissons pas et des plaisanteries dont le sel n’existe plus pour nous ; et trop de conversations prolongées sur la pédérastie, institution que Platon finit par condamner énergiquement, mais dont il a eu tort de nous entretenir, sinon avec une complaisance, du moins avec une insistance qui nous est insupportable ; et ces comparaisons tirées des métiers de cordonnier, de cuisinier et de foulon, fabulas tabernarias, destinées à peindre au vif la prédication de Socrate, mais dont nous nous passerions et qui paraissent avoir ennuyé les Athéniens eux-mêmes : vous comprendrez assez que la lecture de Platon est quelquefois méritoire.

On aurait le plus grand tort, cependant, de ne plus le lire. Avec tous ses défauts, c’est d’abord un très grand poète, le plus grand peut-être que la mère des poètes ait connu. — C’est un très grand artiste et un des hommes qui ont eu le plus vivement, le plus profondément, le sentiment de la beauté. — C’est un très grand orateur et sa belle langue, fluide et souple, est un merveilleux vêtement, pour la pensée, élégante toujours et souvent forte. C’est un artiste, un poète et un orateur que Socrate, qui n’était rien de tout cela, a enivré, et cela