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qui faisait le fond du débat. Il est très fuyant avec des prétentions presque arrogantes à la précision. Personne ne s’est plus dérobé en raillant les autres de fuir.

Ce n’est point timidité. Il fut, et on verra à quel point je le proclame, extrêmement courageux. C’est goût naturel, ou habitude d’école une fois prise, ou coquetterie et désir de montrer aux sophistes qu’il est aussi capable qu’eux de sophistique et qu’il est vraiment aussi sophiste qu’eux, ce qui me paraît démontré au delà du nécessaire.

Il ne faut évidemment pas le prendre à la lettre, ni, quelquefois, aller jusqu’où il va, ni, souvent, s’arrêter où il s’arrête sans qu’on sache pourquoi il s’y arrête en effet. Il semble bien avoir surtout voulu être suggestif. Il veut laisser au lecteur beaucoup à deviner et beaucoup à imaginer. Il est de ceux qu’il faut compléter, non certes parce qu’il ne peut pas se compléter lui-même ; mais parce qu’il veut qu’on le complète. En attendant, suivre attentivement tant de raisonnements difficiles pour ne pas arriver à une conclusion et marcher péniblement et si lentement dans tant de sentiers pour n’aboutir souvent nulle part, cela ne laisse pas d’être une déception.

Et si à tout cela vous ajoutez des obscurités de