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panthéisme matériel, si l’on peut parler ainsi. Dieu n’est pas à proprement parler dans les objets matériels ; il est dans les idées générales, universelles et éternelles de ces objets matériels, et ces idées sont en lui et sont une partie de lui ; mais non les objets que nous voyons et qui ne sont en quelque sorte que les reflets éloignés de ces idées mêmes. N’adorons donc pas Dieu dans les objets matériels, ce que nous sommes trop portés à faire, d’une façon ou d’une autre. Adorons-le en lui-même comme force suprême qui a tout organisé et comme bonté qui a organisé aussi bien qu’il l’a pu et comme providence qui nous protège ; adorons-le aussi dans ses idées qui sont comme des membres de son être intellectuel, qui sont comme des « personnes », comme des « hypostases » de Dieu. Dieu un en mille personnes qui sont les Idées divines, voilà le panthéisme ou le Panthéon platonicien. C’est une des conceptions, car on voit bien qu’il en a eu plusieurs, que Platon a eues du monde.

Et nous-mêmes, quand nous faisons un objet, puisque nous aussi, à un degré infiniment inférieur, nous sommes artistes, que faisons-nous ? Nous organisons la matière sur le modèle d’une de ces idées universelles qu’il nous est donné d’entrevoir ou de soupçonner et qui nous inspi-