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ne peut pas ne pas savoir ! Il faut pourtant qu’il les ait apprises une fois et quelque part. Ce sont des choses dont il se souvient ; on ne peut pas dire autrement.

Voulez-vous qu’on dise autrement ? On ne fera que dire autrement sans que l’idée change. On pourra dire que ce ne sont pas là des notions, mais des idées innées. Notions ou idées apportées en naissant, ce sont toujours des éléments de connaissance qui ont besoin d’avoir une cause et avaient leur cause, il le faut bien, avant la naissance. — On pourra dire que ce sont là de simples dispositions du cerveau, que le cerveau humain est constitué de telle sorte qu’il a, pourvu seulement qu’il existe, ces façons de voir les choses. Mais ces dispositions elles-mêmes équivalent à des idées, ce ne sont même pas autre chose que des idées générales. Il faudra bien toujours en arriver à reconnaître que nous apportons nos idées générales en naissant, que nous apportons en naissant nos idées les plus générales. D’où les tenons-nous ?

Et puisque c’est de ces idées générales que toutes les autres procèdent peu à peu, n’est-il pas vrai que savoir c’est se souvenir ?

Si savoir c’est se souvenir, l’âme existait donc avant, bien avant ce corps qu’elle est venue animer.