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transmettent. Il faut bien supposer au commencement de tous ces mouvements, ou au principe, non chronologique, mais essentiel, de tous ces mouvements, quelque chose qui meut et qui n’est pas mû.

Ce premier moteur non mû ne peut être un corps ; puisque tous les corps reçoivent visiblement le mouvement qui les anime et qu’ils transmettent. Ce premier moteur non mû, nous sommes donc forcés de nous le figurer comme incorporel. Nous l’appelons âme et nous disons qu’il se mêle à la nature entière et qu’il lui donne tous les mouvements que nous y voyons. Et ce premier moteur non mû se confond avec le Dieu suprême et est le Dieu suprême considéré comme principe de toute vie. Il n’y a rien là que de très probable et même que de nécessaire pour notre raison s’appliquant à se donner quelque idée du grand mystère.

Tout de même nous pouvons conjecturer très vraisemblablement que notre âme, que notre invisible, que ce que nous sentons en nous comme incorporel, a existé avant notre corps et peut-être indéfiniment. On peut la considérer comme une parcelle ou comme une émanation de cette grande âme universelle dont nous parlions tout à l’heure. Toujours est-il qu’elle semble bien avoir vécu avant ce que nous appelons pour le moment nous,