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que pour appuyer, croyait-il, et assurer sa morale sur des fondations fermes.

Et, quoi qu’il en puisse être, voici sa métaphysique.

Existe-t-il des dieux ? Ce n’est pas très sûr et l’on en a entouré l’idée et l’histoire de tant de contes saugrenus qu’on sera toujours excusable de ne pas croire, non seulement à ces anecdotes, mais même à eux. Cependant ils peuvent exister. Cela ne blesse point la raison. Et même leur existence peut servir à résoudre ou à adoucir certaines difficultés que nous rencontrerons plus tard. Il y a une raison de ne pas bannir absolument la mythologie de la théodicée, et de cette raison nous nous rendrons très bien compte. Mais à quoi il faut croire fermement, c’est à un Dieu suprême, maître et gouverneur de l’univers et de tous les êtres, dieux inférieurs, hommes, animaux, végétaux, éléments qui s’y trouvent ou qui s’y peuvent trouver.

Il faut croire à ce Dieu suprême surtout à cause de la morale et pour la sauver. Les hommes ne sont pas moraux quand ils sont irréligieux. Que disent nos sophistes d’Athènes aux jeunes gens qui les écoutent et qui ne sont que trop disposés à les suivre ? À la fois qu’il n’y a pas de dieux et qu’il n’y a pas de morale ; à la fois que les « dieux n’existent point par nature, mais par invention humaine et