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Mais les auteurs des Déclarations, même de la première, quoique moins, étaient à la fois démocrates et libéraux, et ils croyaient à la fois à la liberté individuelle et à la souveraineté du peuple. Ils devaient mettre dans leur œuvre une antinomie fondamentale.

J’ai ajouté que là où ils ne brouillent et ne confondent pas tout, ils sont incertains et incomplets ; et ici je visais la partie de leur œuvre où ils ne songent pas à la souveraineté nationale, mais bien seulement à ce qu’ils appellent les droits de l’homme et du citoyen. Comme les droits de l’homme et du citoyen n’existent aucunement, quand on veut en parler on les invente, et, quand on les invente, on est naturellement amené à en mettre trop ou à n’en pas mettre assez. L’énumération en est arbitraire. Elle n’est que celle des désirs que l’on a et des vœux que l’on fait. C’est ainsi que, pour les auteurs des Déclarations, les droits de l’homme sont la liberté, l’égalité, la sûreté, la propriété, et les Déclarations, quand elles parlent des droits de l’homme et non des droits du peuple, ne sont que l’analyse de ces quatre droits. Mais la liberté d’enseigner est-elle un droit ? Les Déclarations parlent du droit de penser, de parler et d’écrire ; mais non du droit d’enseigner. Faut-il considérer ce droit comme la conséquence naturelle et nécessaire du droit de penser, de parler et d’écrire ? Ne le faut-il point ? On ne le sait pas. Faut-il penser que les