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éducation catholique, je crois qu’on se trompe.

Au contraire, dans un État qui ne demande aux citoyens que juste ce qu’il faut à l’État pour que l’État subsiste et ne craigne rien de l’étranger, le citoyen aime l’État. Il ne l’aime pas à la façon d’un Romain ou d’un Français du xviie siècle. Cela, c’est fini. N’y comptez plus. Ne comptez plus que cela revienne. Il l’aime autrement, il l’aime à l’inverse, si vous voulez, mais profondément. Il y a aimer son pays et aimer l’État. On aime son pays pour des raisons de tradition, de communautés de souvenirs, de communautés de langue, de mœurs et d’habitudes. On aime l’État par religion pendant une certaine période de l’histoire, par reconnaissance seulement pendant une autre période de l’histoire qui est depuis longtemps commencée. Désormais on aimera les États en raison de la liberté, de l’aisance, du bien-être intellectuel et moral qu’on sera reconnaissant qu’ils vous assurent.

Faire du despotisme, c’est donc — oh ! comme c’est intelligent ! — créer des étrangers à l’intérieur.

Remarquez qu’à l’inverse, pratiquer la liberté dans un État, c’est rendre les conquêtes faciles. Je n’aime pas les conquêtes ; mais je dis cela parce que c’est la vérité. S’il est évident que les États-Unis s’agrandiront autant qu’ils voudront, c’est d’abord parce qu’ils sont forts ; mais c’est aussi, et s’il est