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Pour moi l’homme n’a pas de droits. Il n’en a aucun, absolument aucun. Je ne sais pas même ce que veut dire un droit de l’homme. Droit fondé sur quoi ? L’enfant qui naît apporte-t-il un droit avec lui ? Il apporte des besoins, qu’on satisfait. Il entre dans une société qui commence par le sauver de la mort, et qui continue, envers laquelle il est obligé, et que je ne vois pas qu’on puisse, par quelque argument que ce soit, montrer comme obligée envers lui.

Un droit ! Qu’est-ce qu’un droit ? C’est, ce ne peut être que le résultat d’un contrat. Je me suis engagé à piocher ce champ et vous vous êtes engagé à me donner soixante livres. Le champ pioché, j’ai droit sur soixante livres de votre bourse. Elles sont exactement ma propriété. Voilà un droit ; il y a droit parce qu’il y a eu contrat.

En dehors de cela, il n’y a pas de droit du tout. Les partisans des droits de l’homme disent : « Les droits que nous avons en tant qu’hommes, par cela seul que nous sommes hommes. » Qu’est-ce que cela signifie ? En quoi être homme donne t-il un droit ? Quel droit l’homme naissant apporte t-il inscrit sur le front ?

— Au moins le droit à la vie ?

— Pourquoi ? En quoi ? A-t-il rendu un service, et, en conséquence, lui doit-on quelque chose ?

— L’humanité exige…

— Oh ! pour cela, oui ; veuillez croire que dans