Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contraires. J’ai souvent essayé de prouver que les « corps constitués », que les « aristies », qui, du reste, ne participent pas au pouvoir, sont des ferments de liberté, des conservatoires de liberté, et des appuis de la liberté : d’abord en ce qu’elles en donnent l’exemple, vivant d’une vie autonome et enseignant à vivre ainsi ; ensuite limitant le pouvoir central et lui opposant une barrière plus ou moins solide, mais plus ferme que celle des individus isolés ; enfin ayant une tendance naturelle, puisqu’elles vivent de liberté, à se solidariser avec tout ce qu’il y a d’éléments de liberté dans le pays et avec tout ce qui est libéral d’esprit et de sentiment dans le pays. — Voilà ce qu’il faut dire des « aristies », des corps constitués indépendants et autonomes, qu’ils soient du reste de haute classe (académies, associations littéraires, scientifiques, morales, compagnies industrielles) ou populaires (syndicats, sociétés coopératives, etc.).

Mais l’aristocratie proprement dite, l’oligarchie, le gouvernement de tous par quelques-uns, n’est pas libérale de sa nature et doit être comptée parmi les ennemis de la liberté. Elle peut l’être plus, elle peut l’être moins que la monarchie ; mais elle l’est toujours. En général elle l’est davantage. Il suffit qu’un roi soit généreux, il suffit qu’il soit intelligent pour qu’il soit libéral. Cela arrive très rarement ; mais cela arrive. Pour qu’une aristocratie fût libérale, il faudrait, elle aussi, qu’elle fût