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Comme ils le suivent dans les cérémonies publiques ils doivent faire acte de déférence envers lui partout où ils le rencontrent. Ils peuvent, je dirai même qu’ils doivent discuter ses doctrines et ses actes comme tous les autres citoyens ; mais il est évident qu’ils ne peuvent pas les discuter sur le même ton que n’importe quel autre citoyen. Personne ne peut admettre qu’un fonctionnaire, non pas même un curé ou un vicaire, si peu fonctionnaire qu’il soit, puisque son traitement n’est réellement qu’une indemnité, traite le président de la République, ou même un ministre, avec la même désinvolture que les traite un rédacteur de l’Intransigeant ou de la Libre parole. Il y a là une question de nuances qui n’est qu’une question de tact.

En résumé, là comme ailleurs, mais avec une affaire de mesure en plus, l’Etat souverain « dans sa sphère » et exigeant dans sa sphère une obéissance absolue ; l’Etat, hors de sa sphère naturelle, arrêté par la liberté individuelle et par les droits de l’homme et du citoyen. En conséquence, distinction bien nettement établie entre les fonctionnaires qui sont des agents de la puissance gouvernementale et les fonctionnaires qui ne sont que des serviteurs du pays : ceux-là étroitement assujettis, ceux-ci parfaitement libres, tous également respectueux à l’égard du gouvernement qui commande aux uns et qui préside les autres.