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— Quand je joue, je joue ; et quand je confesse, je confesse. »

On ne peut guère admettre une pareille cloison étanche entre deux parties du même homme et entre ce qu’il fait en un lieu et ce qu’il fait en un autre. La liberté du fonctionnaire ne peut donc aller, ni jusqu’à ne pas avoir dans son métier et même au dehors, l’esprit de son métier et la conviction de son métier, ni jusqu’à se séparer et se détacher du pays, qui, lui, le nomme bien, qui, lui, le paye, qui, lui, le distingue et lui donne une position à certains égards privilégiée, du pays, dont il est très réellement un serviteur, un homme de confiance et comme un ministre.

D’autre part, même à l’égard du gouvernement et non plus du pays, le fonctionnaire, je dis celui qui n’est pas agent du gouvernement, mais seulement fonctionnaire du pays, a encore des devoirs, très restreints à mon avis, mais des devoirs encore. Le gouvernement n’est pas son chef, je crois l’avoir démontré ; mais il est en quelque sorte son président. La société est organisée de telle sorte que beaucoup de citoyens qui ne sont nullement des agents du gouvernement, snnt des serviteurs attitrés de la nation et sont à ce titre acceptés par le gouvernement, consacrés par le gouvernement, maintenus dans leurs charges et défendus dans leurs privilèges par le gouvernement, payés par les soins du gouvernement. Ils lui doivent donc le respect.