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idées du gouvernement qui les paye » équivaut à dire : « Ils doivent demander ce qu’il faut qu’ils pensent à M. le Trésorier payeur général. »

Il est vrai qu’ils sont nommés par le gouvernement. Sans doute ; mais le gouvernement, là aussi, n’est qu’un intermédiaire. Est-ce le gouvernement qui peut savoir et qui sait que M. un Tel est assez bon théologien pour être prêtre ou assez bon botaniste pour être professeur de botanique à la Faculté des sciences de X… ? Pour tous les fonctionnaires de ce genre, il y a des examens et des concours, et celui qui nomme, c’est le gouvernement, sans doute, mais celui qui désigne avec compétence et par conséquent celui qui nomme moralement, c’est le jury d’examen. Il en résulte qu’en ce cas le gouvernement n’a pas réellement le droit de nommer ; il n’a que le droit de ne pas nommer. Il n’a qu’un droit de veto sur le candidat, nommé réellement par un jury, mais désagréable au gouvernement. Dans ces conditions le fonctionnaire du pays qui n’est pas un agent du gouvernement, peut dire à très bon droit qu’il n’a pas été nommé par le gouvernement, mais par le pays ; qu’il n’a pas été nommé par le gouvernement, mais seulement accepté par lui, agréé par lui ; mais seulement non repoussé par lui.

À ce compte il n’est nullement l’homme lige, le vassal et le féal du gouvernement. Il lui doit du respect et non du dévouement. Le gouvernement qui