Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culièrement dans ce à quoi ses fondateurs et appuis tiendraient le plus, dans la pratique scrupuleuse de son métier et dans le culte désintéressé de la science, des lettres, de la philosophie, de l’histoire, des arts, de la vérité et de la beauté. Il aurait quelques inconvénients, je le crois ; mais non point ceux que je viens de dire, qui sont les plus graves qui se puissent.

— Mais nous n’avons pas l’esprit d’association ni l’art de s’associer.

— Les pays où n’existent pas l’esprit d’association ni l’art de s’associer sont les pays où naît tout naturellement et où se développe tout naturellement le despotisme, comme en son terrain.

Et voyez où vous en êtes. Comme il n’existe en France que l’enseignement d’État et l’enseignement ecclésiastique, quand la question de la liberté d’enseignement se pose, elle a l’air de se poser entre eux, et du reste en pratique elle se pose entre eux. Alors ; si, par instinct, vous êtes du côté de la liberté, on vous dit : « Vous êtes donc Jésuite ? » et vous vous dites : « C’est pourtant vrai que je suis Jésuite. Je ne m’en doutais pas. » Et vous êtes ébranlé dans vos convictions libérales par la considération de ceux à qui elles profitent. Et vous sentez que vous ne défendez « les Jésuites » que par respect et amour du principe ; mais vous êtes très fâché que défendre le principe n’aille et ne puisse aller pour le moment qu’à soutenir les