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serait le cas où ce chef spirituel étranger serait en même temps un chef d’Etat. Je suppose que le chef spirituel des catholiques français fût l’empereur allemand. Il est bien certain qu’il serait inquiétant que la majorité des Français obéît spirituellement et donnât avec ferveur une partie de son âme à l’homme que nous serions et qu’ils seraient appelés à combattre les armes à la main. Je suppose que le Pape fût roi d’Italie. Il ne serait pas très rassurant qu’un homme vénéré d’une grande partie de la nation française comme chef spirituel, fût un souverain temporel avec lequel nous pourrions entrer en guerre. C’était un argument et même l’argument favori, et même le seul argument, mais il était bon, des adversaires du pouvoir temporel des Papes. Napoléon III avait pour dessein de faire de l’Italie une confédération sous la présidence du Souverain Pontife. C’était une idée stupide, comme, du reste, toutes les idées de Napoléon III. Il ne faut pas qu’un chef spirituel soit souverain temporel (si ce n’est d’un très petit Etat, et le Pape serait souverain de Monaco ou même de Grèce, je n’y verrais aucun inconvénient), il ne faut pas qu’un chef spirituel soit souverain temporel, parce qu’alors tout gouvernement d’un pays où il règne comme chef spirituel peut très légitimement craindre de ne pouvoir pas, à un moment donné, lutter contre lui comme souverain temporel. Mais, sauf ce cas,