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libre. Il y a le clergé séculier, nommé (partiellement) par l’Etat, et payé par lui. Il y a un clergé régulier composé des membres des congrégations. Le gouvernement n’aime ni l’un ni l’autre. Mais il considère le premier comme le sien, l’autre comme un intrus. Il en résulte qu’il commande au sien et qu’il combat l’intrus, qu’il tient en main le premier et qu’il persécute le second, qu’il opprime le premier et qu’il crosse le second et qu’en définitive il les oppose l’un à l’autre en les malmenant tous les deux ; toutes les formes possibles de la guerre religieuse et de l’anarchie religieuse dans le même pays. Le gouvernement, en cette affaire, fait mal ce qu’il fait, empêche les autres de le faire bien, et se trouve l’ennemi et de ceux qu’il tient pour ses ennemis et de ceux qu’il considère comme ses agents. C’est complet. Pourquoi cette bouffonnerie ? Parce que le gouvernement se mêle de ce qui ne le regarde pas.

Il y a une autre raison, comme j’ai dit, pourquoi la liberté religieuse est de toutes les libertés la plus désagréable au gouvernement. C’est que le chef d’une religion peut être un étranger, ce qui est grave, je le reconnais, et ce qui paraît au gouvernement quelque chose de formidable. « Comment ! ces gens qui sont nés pour m’obéir, m’obéissent à la vérité ; mais non pas en tout. Ils obéissent, pour ce qui est de leur conduite morale, à un