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tique. L’administration n’est pas un corps aristocratique. Or c’est précisément elle qu’on pourrait appeler ainsi, car elle a tous les caractères du corps aristocratique : elle a ses traditions, sa permanence, son esprit de suite et même de routine ; elle est, au moins un peu, héréditaire ; et elle gouverne, puisqu’elle a ses procédés d’administration qu’elle n’emprunte pas toujours au gouvernement, et puisqu’elle est un gouvernement dont le gouvernement proprement dit a à tenir compte et qui le contrecarre doucement, mais obstinément, plus d’une fois. Seulement elle dépend, en définitive, du gouvernement proprement dit, et on ne l’appelle pas corps aristocratique. Et on appelle corps aristocratique une corporation qui ne gouverne pas du tout, mais qui existe en dehors du gouvernement central.

Sur cette idée, assez bizarre, les Constituants et les Conventionnels, étant surtout antiaristocrates, ont transporté aux associations une partie de la haine qu’ils avaient contre l’aristocratie véritable. Ils n’ont pas été, on vient de le voir par leur article VII de 1793, jusqu’à proscrire, comme Rousseau, la « réunion » elle-même, et jusqu’à ne pas vouloir que les citoyens délibérassent avant de voter, ce qui est la pure doctrine démocratique ; mais encore ce qu’ils semblent n’avoir pas aimé, c’est la « réunion permanente », c’est-à-dire l’association, et du droit d’association ils n’ont pas fait,