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L’embarras où l’on se trouva pour expliquer le nom d’Achalm fit inventer la légende, rapportée par Uhland, dans laquelle on nous apprend qu’un chevalier, assassiné en cet endroit, n’eut, avant d’expirer, que le temps de s’écrier : Ach Allm… Il ne put pas achever le nom de Allmächtiger (Tout-puissant). De là vient que le château bâti sur cette montagne fut nommé Achalm. Une localité, près d’Heidelberg, fut nommée Harlas, parce que, disait-on, les religieuses laissaient leurs cheveux (ihr Haar zurückliessen). Le fait peut être vrai. Mais bien souvent ce sont là des étymologies ridicules, inventées pour cacher l’ignorance d’une dénomination celtique. Voyez, entre

    les abîmes de rochers était encore très dangereux. » Après avoir raconté la fameuse légende, Joanne ajoute les lignes suivantes : « L’histoire n’est pas d’accord avec la légende. À l’en croire, cette tour ne fut bâtie qu’au xiiie siècle par l’archevêque Siegfried, c’est-à-dire deux siècles après la mort de Hatto, et elle doit son nom à son usage, car elle servait à percevoir un droit de passage sur les bateaux. On l’appela tour du Péage, Mauth ou Maus voulant dire péage. D’autres étymologistes ont pensé que Mæuse venait de muserie, qui signifiait canon. Quoiqu’il en soit, la légende (mise en vers par le poète anglais Southey) est devenue trop populaire pour pouvoir être passée sous silence. » (Trains de plaisir aux bords du Rhin, p. 284.) — Sans doute, on peut reproduire cette légende, mais à la condition de la donner pour ce qu’elle est. Mais que penser d’un écrivain qui, expédié naguère (septembre 1883) aux fêtes du Niederwald, adresse les lignes suivantes aux lecteurs d’un de nos journaux : « Sur un écueil du Rhin, à un brusque tournant du fleuve, s’élève le Mausethuren (sic), fameux par la légende de l’évêque méchant et rapace, fléau des vassaux de l’Église, qui périt sur cette plate-forme, dévoré vivant par des légions de rats, sans que ni les eaux du fleuve ni les murs de sa retraite pussent défendre le mauvais riche de leurs bandes voraces. La tour gothique sert aujourd’hui de signal aux bateliers qu’elle avertit des dangers de ces parages. D’autres vestiges nous parlent d’une histoire plus ancienne encore : à Rudesheim, etc. »