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pleines de biscuits, qu’elle partagea entre Henri et Jean. Après quoi, se tournant vers moi, elle m’apostropha à peu près en ces termes : « C’est toi, diable, c’est toi, diable au teint jaune, qui es coupable de tout ! C’est toi qui as engagé Henri et Jean à se sauver. Sans toi, coquin de mulâtre aux longues jambes, ni Henri ni Jean n’y auraient pensé. » Je ne fis aucune réponse, et on nous emmena à la hâte dans la direction de Saint-Michel. Un moment avant la lutte avec Henri, M. Hamilton avait dit qu’il serait prudent de chercher les passe-ports, que Frédéric, d’après ce qu’il avait entendu dire, avait écrits pour lui-même et pour les autres. Mais au moment où il allait procéder à l’exécution de cette mesure, on eut besoin de son aide pour attacher Henri, et l’agitation et le tumulte de cette scène leur firent oublier, ou peut-être considérer comme dangereux de nous fouiller, de sorte qu’il n’était pas encore prouvé que nous fussions coupables d’avoir eu l’intention de nous sauver.

Lorsque nous fûmes arrivés à moitié chemin de Saint-Michel, et au moment où les constables, sous la garde desquels nous étions, regardaient en avant, Henri me demanda ce qu’il devait faire de son passe-port. « Mangez-le avec votre biscuit, » lui dis-je. « Il faut ne rien avouer. » Chacun de