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LE VAL-AUX-FÉES.

— C’est trop peu, répondit encore Lucifer, mais cette fois d’un ton péremptoire.

— Mon château de Lern est beau, reprit Gérard en insistant ; — le Val-aux-Fées, dont je suis maître, est fertile et vaut trois fois la somme que je te demande.

Lucifer savait mieux que personne la vérité de ces paroles, car il avait souvent admiré la magnifique position du château et la fertilité de la vallée. Nonobstant, il se roidit dans son refus.

— C’est trop peu, répéta-t-il.

Les trois autres barons voulurent plaider la cause de Gérard.

— Messeigneurs, dit Lucifer, je suis un pauvre marchand, laissez-moi, s’il vous plaît, traiter mes affaires comme je l’entends… Ce soir, chacun de vous aura ces dix mille écus qu’il m’a demandés, mais je ne puis rien faire pour le châtelain de Lern.

— Que veux-tu de plus, demanda celui-ci.

— Qu’avez-vous de plus, monseigneur ?

Gérard se creusa la cervelle. Au bout de quelques secondes, il courba la tête et répondit tristement :

— Je n’ai rien.

— Écoutez, reprit Lucifer. Je croirais pécher en mettant obstacle à votre saint pèlerinage. S’il vous plaît accepter ce que je vais vous proposer, vous aurez les dix mille écus en bonnes et belles pièces d’or, toutes neuves, à l’effigie de notre aimé seigneur, le riche duc, que Dieu veuille garder de tout mal !

Les quatre barons se découvrirent et dirent amen, puis Gérard reprit :

— Quelles sont tes prétentions ?