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LES CONTES DE NOS PÈRES.

gnons arrivèrent devant le château de Graives, les bleus étaient en route pour Vannes et pour Redon depuis une heure. Les deux fils du marquis n’hésitèrent pas un seul instant ; les indications de Janet Legoff leur avaient appris où se trouvait Mme de Thélouars, et sans doute le marquis était auprès d’elle.

Ils firent attaquer aussitôt la première des trois portes qui conduisaient à la cachette.

Le bruit des leviers vint réveiller l’angoisse dans le cœur de mère d’Henriette de Thélouars. Depuis une heure environ qu’elle n’entendait plus rien, son épouvante s’était calmée ; elle commençait à espérer. Mais ce fracas qui retentissait dans une autre direction lui annonçait de nouveaux efforts.

La première porte était la plus faible, elle fut rapidement brisée.

Lorsque les barres de fer attaquèrent la seconde, l’âme d’Henriette fut déchirée. La mort approchait, la mort pour son enfant.

Elle leva son regard effrayé sur M. de Graives. Le vieillard était immobile : il n’entendait rien encore.

La seconde porte résista plus longtemps que la première, mais elle céda enfin ; un bruit confus de voix et de pas se fit entendre, et un violent coup de pince ébranla le chêne épais de la porte intérieure de la cachette.

Henriette tomba lourdement à genoux, et couvrit son fils de ses mains croisées.

M. le marquis de Graives, au contraire, se leva de toute sa hauteur, et jeta sur la porte un regard étonné.

— Je ne les attendais pas de ce côté, murmura-t-il ; — qu’importe ?