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LES CONTES DE NOS PÈRES.

leur ardeur, et ils se précipitèrent en tous sens dans les galeries abandonnées du château.

Vers le point du jour, après avoir fouillé inutilement les moindres recoins, ils se crurent enfin sur la piste. Un soldat fit remarquer que la muraille extérieure de l’aile orientale était d’une épaisseur inusitée. Aussitôt on se mit à l’œuvre. Les pioches et les pics allèrent leur train, et, malgré la solidité de cette antique maçonnerie, la besogne avança rapidement.

Mais la cachette n’avait qu’un étage ; elle se trouvait au centre de la muraille, comme ces trous que la fermentation ouvre dans les massifs fromages de Parme. Pour la rencontrer, il ne fallait percer ni trop haut ni trop bas. — On perça trop bas.

Il y eut néanmoins un moment où les sapeurs approchèrent si près de la chambre secrète, que l’ébranlement éveilla les sens émoussés du vieux marquis de Graives. Ce fut alors qu’il se leva pour placer près de lui le baril et la mèche.

Les soldats travaillaient, conduits par le capitaine et le lieutenant. Ni le citoyen Bertin, ni le citoyen Thomas n’étaient là pour les guider. — Que faisaient donc ces dignes soutiens de l’égalité ? étaient-ils descendus aux caves, afin d’abreuver leur vertueux larynx d’une liqueur contre-révolutionnaire ? Nous ne prétendons point affirmer qu’ils fussent incapables d’une action pareille, mais, pour le moment, ils avaient, en vérité, bien autre chose en tête. On leur avait dit que le Régent, ci-devant diamant de la couronne était caché à Graives ; ils voulaient trouver le Régent.

Rien n’affriande les voleurs comme un monceau d’or, représenté par une valeur qui tient dans le creux de la main.