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LE PETIT GARS.

pourvue d’espoir, que Mme de Thélouars ne put le soutenir. Elle baissa les yeux en gémissant, et se prit à bercer le petit Alain qui, réveillé par tout ce mouvement, vagissait et se plaignait.

— Tout y est ! dit en ce moment M. de Graives, qui ouvrit son grand livre d’Heures à la place où il avait naguère interrompu sa pieuse lecture ; — nous avons ici ce qu’il faut pour vivre et pour mourir.

Il approcha la lampe et donna son âme à la religieuse poésie du livre saint. M. le marquis de Graives était préparé dès longtemps. Depuis plus d’un mois que ses fils avaient rejoint le petit noyau de royalistes qui tentaient d’organiser insurrectionnellement la campagne de Ploërmel, le vieillard avait dû s’attendre à quelque visite armée. Son manoir d’ailleurs avait une réputation de richesse qui


ne pouvait manquer de tenter l’âme intègre des suppôts de la Convention : en ce temps où il y avait tant de héros aux frontières, on salissait volontiers l’uniforme à l’intérieur. Mais à part ces raisons de craindre qui lui étaient communes avec tous les