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LES CONTES DE NOS PÈRES.

intérieure, fit bascule et laissa découvert l’orifice d’un large trou.

— Mort ! cria une voix souterraine.

— Bleu ! répondit Jean Brand, achevant ainsi le juron caractéristique qui servait de mot de passe.

La pauvre Sainte s’était reculée avec effroi, en voyant la gueule béante de la caverne ; le Chouan la rassura doucement, et tous deux commencèrent à descendre.

— Mettez vos fusils de côté, mes braves, dit Jean Brand en voyant deux sentinelles en blouse et en sabots croiser les armes au bas de l’escalier.

— Le bedeau ! s’écrièrent en même temps les deux Chouans ; le bedeau !

Et de tous les coins de la caverne, un hourra général et joyeux répéta :

— Le bedeau !

Sainte descendait en ce moment la dernière marche ; en tournant l’angle saillant de l’escalier, elle se trouva tout à coup dans une immense salle, brillamment éclairée, et remplie d’hommes armés. Plus morte que vive, elle se pressa timidement contre son conducteur.

La caverne, de forme semi-circulaire, et dont les deux bouts se repliaient légèrement, de manière à figurer un croissant, était entourée d’une litière de paille, couche commune où s’étendaient les Chouans, lorsque l’heure du sommeil était venue. Au-dessus de cette litière, une sorte de râtelier contenait l’arsenal de rechange de la bande. C’étaient des armes de toutes sortes, de toutes formes, et, on peut le dire, de toutes provenances. À côté d’une rapière droite, à lame triangulaire, pendait un sabre recourbé à pointe de Damas, dont la