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LES CONTES DE NOS PÈRES.

Les dernières maisons du bourg de Saint-Yon touchent à un terrain dépourvu d’arbres et dont une portion est maintenant défrichée. C’était alors une lande aride, s’étendant à perte de vue, entre la lisière de la forêt et les rivages du marais de l’Oust. Toute cette lande était couverte d’ajoncs vigoureux et touffus, qui s’élevaient un peu au-dessus de la stature d’un homme.

De tous côtés, comme il arrive d’ordinaire sur les landes où nulle considération ne force le piéton à s’écarter de la ligne directe, ce taillis épineux était percé de mille sentiers divergents, qui se coupaient et s’enchevêtraient de telle sorte, que le fameux fil d’Ariane eût été une ressource parfaitement insuffisante pour se diriger au milieu de cet inextricable labyrinthe. Mais, à défaut de fil, Jean Brand, qui s’y était engagé avec Sainte, avait une connaissance exacte et minutieuse du pays. Aussi allait-il d’un pas ferme, changeant de sentier tous les dix pas, mais ne montrant jamais une ombre d’hésitation.

Au bout d’une demi-heure de marche, il s’arrêta.

— Nous voici arrivés, dit-il.

Sainte regarda autour d’elle avec surprise. Elle connaissait ce lieu pour y être venue souvent dans ses promenades, mais elle n’y avait jamais rien découvert qui pût servir d’abri à des êtres humains.

Cet endroit formait à peu près le milieu de la lande. Le terrain s’y affaissait circulairement, de manière à former un large amphithéâtre ou entonnoir, à pente insensible, dont le centre était marqué par un dolmen (pierre druidique). Le sol, parfaitement uni et sans mouvement aucun, ne permettait point de croire à l’existence d’une caverne cachée ;