Page:Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.

I

SAINTE.

Le bourg de Saint-Yon est pittoresquement assis sur la croupe d’une colline, dont le sommet se couronne d’arbres séculaires. Au pied de cette colline s’étend un vaste marais. Ses eaux baignent à perte de vue la campagne de Redon et les extrêmes limites du département d’Ille-et-Vilaine. Le bourg est composé d’une seule rue, dont les maisons grises et couvertes en chaume s’étagent en amphithéâtre. À voir cette longue chaîne de maisons descendre tortueusement la montagne, on dirait, de loin, un serpent gigantesque endormi au soleil ou buvant l’eau tranquille des marais.

En l’année 1794, M. de Vauduy était propriétaire du manoir de Rieux, antique résidence des nobles seigneurs de ce nom, et situé à une demi-lieue au plus de Saint-Yon. M. de Vauduy était un homme d’une cinquantaine d’années, froid, sévère et taciturne. Les uns disaient qu’il était républicain fougueux, et donnaient pour preuve l’empressement qu’il