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III

LA TOUR-LE-BÂT.

On voyait encore à Rennes, il y a quelques mois à peine, le vieux château ducal de la Tour-le-Bât dresser confusément ses donjons, ses corps de logis, ses remparts, au milieu de gracieux jardins et de maisons blanches. Il semblait honteux, l’antique castel, non pas de son grand âge, mais de l’insulte qu’on avait faite à sa vieillesse. La demeure des riches ducs était devenue prison. La salle d’armes était transformée en ignoble pistole ; les terrasses servaient de préau ; les croisées saxonnes, barrées de fer, ne laissaient passer que des jurons de bas lieu et d’abjectes paroles.

Nous nous trompons : pêle-mêle avec les scélérats vulgaires, se trouvaient là, dans ces dernières années, des cœurs loyaux, — de saints vieillards qui pouvaient reconnaître le cachot qu’ils avaient occupé déjà durant la Terreur, d’intrépides adolescents qui savaient souffrir et confesser leur croyance, comme firent leurs pères en des temps d’héroïque martyre ; de vaillantes femmes enfin, de ces femmes qui vivent pour prier, secourir, aimer, anges de la terre qu’atten-