Page:Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
LES CONTES DE NOS PÈRES.
Reschine et Mêto

xxxxxxxxxxxxxxx Sœurs, êtes-vous là ?Nous y sommes.

Gulmitte.

Loin du jour ?

Reschine.

Loin du jour ?Loin du bruit.

Mêto,

Loin du jour ? Loin du bruit.Loin du regard des hommes.

Gulmitte.

Que cherchent, en ce lieu, les maîtresses du Val ?

Reschine.

Une âme que notre or a convertie au mal !

Les trois fées, suivant leur coutume, répétèrent en chœur ce dernier vers ; puis Mêto alla quérir au dehors un ver luisant pour éclairer leur recherche. Le ver luisant leur montra dans un coin de la cave le juif Lucifer endormi. En guise d’oreiller, il avait mis sous sa tête le sac d’or oublié par Rachel auprès du soupirail.

À la vue de l’or et de l’homme, Reschine et Mêto accomplirent une double grimace en désappointement. Elles avaient espéré mieux. Gulmitte seule ne fut pas trop étonnée.

Néanmoins, afin de ne point perdre leur soirée, elles prirent Lucifer par les pieds, et le tirèrent au dehors à travers les barreaux du soupirail, malgré ses cris lamentables et ses invocations au Dieu d’Abraham et de Jacob. Puis Reschine, ajoutant une cinquantaine de pieds à sa taille, se guinda jusqu’au beffroi, ou elle pendit maître Lucifer par le cou.