Page:Féval - Les contes de nos pères, 1845.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
LE VAL-AUX-FÉES.

tentit encore à leurs pieds. Cette fois, les trois barons se penchèrent, mais ils ne virent d’abord que trois petites bêtes, qui se cachèrent sous une feuille morte. Comme ils allaient se redresser et poursuivre leur route, Malgagnes poussa un cri de joie…

— Un écu d’or, dit-il.

Malgagnes ne se trompait point. Un écu d’or était là, sur le sol, et nos trois barons, réduits à la besace, n’eurent garde de l’y laisser.

— Béni soit Dieu ! s’écria Mauron, je vais boire !

— Je vais manger ! ajouta Malgagnes.

Hervé de Lohéac aurait pu dire : — Je vais dormir ; mais c’était un vieillard prudent et avisé. Au lieu de parler, il se prit à interroger du regard le sol tout autour de soi. Il n’y avait point d’autres écus, mais la terre était fraîchement remuée.

— Mes amis et voisins, dit-il, je suis d’avis que nous nous arrêtions ici.

Les deux autres se récrièrent. Ils voulaient manger et boire.

Le vieux Hervé s’assit froidement et se mit à gratter le sol avec ses doigts. La terre n’était point foulée ; il avançait rapidement dans sa besogne.

— Sainte croix ! murmura Malgagnes à l’oreille de Mauron, notre pauvre voisin et ami perd la tête.

— Il est fou, répondit Mauron.

Et tous deux se préparèrent à quitter la place.

— Une minute encore, s’il vous plaît, dit gravement Lohéac, qui continuait toujours de fouiller.

Ventre affamé n’a point d’oreilles, suivant le proverbe : mais une minute est si peu de chose ! Cette minute, accor-