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LES CONTES DE NOS PÈRES.

— Comte, dit-elle, vous avez des amis diligents, et cinq jours ne vous seront point nécessaires.

— Cinq jours pour rassembler dix mille écus d’or, ce n’est pas trop, dit Addel.

— Ce ne serait pas assez peut-être, si les dix mille écus n’étaient pas rassemblés d’avance…

— Hélas ! interrompit le chevalier, qui donc se serait occupé de l’absent ?…

Il n’acheva pas. Le charmant sourire de Rachel était une réponse, et le comte Addel se pencha sur sa main qu’il baisa.

— Oui, seigneur, reprit-elle. Aujourd’hui même j’ai complété les dix mille écus que j’amasse depuis bien des jours à votre intention. Ils sont en lieu sûr… Reposez-vous durant cinq jours dans ma demeure que je vous offre ; le cinquième vous irez trouver mon père afin de racheter votre château.

Addel ne trouva point de paroles pour rendre grâces. Il se mit à genoux auprès de sa maîtresse qui lui demanda le récit de ses hauts faits.



Pendant cela, les trois mendiants, compagnons de voyage du comte Addel, avaient continué leur route. Ils s’étaient séparés à leur tour en se souhaitant bonne chance, et chacun d’eux avait cherché fortune de son côté. Quatre jours se passèrent. Le matin du cinquième jour, les mendiants se retrouvèrent sur la route de Pontréhan à Guichen, cheminant tous les trois vers le château de Lern, où ils espéraient être reçus par leur compagnon, le comte Addel. Ils soulevèrent donc le marteau et n’éprouvèrent point un meilleur