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l’autre, le vaincu, restait sous le poids d’accusations vaguement formulées, mais qui effrayaient l’esprit par leur terrible gravité.

C’était la marquise elle-même qui, tout à l’heure, avait présenté Édouard Blunt à la famille assemblée. Son cœur de mère s’était élancé vers ce beau jeune homme qui portait la marque de sa naissance et qui ressemblait à Roland. Elle n’avait alors aucun doute.

Le conseil avait partagé du premier coup sa croyance, et le récit de princesse Charlotte avait achevé de porter la conviction dans tous les esprits.

Mais l’arrivée de Mylord changeait subitement l’aspect des choses. Les préparations accumulées par Laure éclataient en quelque sorte et frappaient avec une violence inouïe l’esprit de Domenica.

Tout venait selon les prédictions de la baronne.

La pauvre marquise avait bien pu oublier au premier instant les mystérieuses et profondes émotions de la matinée précédente, mais elles se réveillaient maintenant toutes à la fois, et sa conscience subjuguée écoutait avec religion la voix du souvenir.

Elle revoyait Laure, toute pâle et toute brisée, qui pliait naguère sous le poids de son pressentiment, dans leur récente et dernière entrevue : Laure, qui l’aimait, qui le lui avait prouvé, et qui était tombée, victime de son dévouement.

Car Mylord avait dit : « Ils l’ont tuée ! »

Pour la marquise, à cette heure, Laure était tout ; elle pensait par les seules suggestions de Laure dont la