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lui avait dit : « Je suis sur la trace de votre fille… »

Nous avons parlé ainsi de Laure, parce que nous ne parlerons plus d’elle, jamais. À la fin du précédent chapitre, le lecteur a deviné que le terrible engrenage la tenait déjà et qu’elle allait être entraînée sous la roue.

Mylord avait dit dans la propre langue de Cromwell :

— Il faut que la place soit nette autour de celui que le Seigneur a élu entre tous !

Laure avait compris le sens de ces paroles, qui n’étaient pas prononcées pour elle. Ces paroles contenaient son arrêt.

Quand elle vit Mylord marcher sur elle, je ne saurais dire pourquoi elle craignit quelque chose de plus affreux que la mort.

Elle leva la bougie. Mylord tenait à la main le stylet de Pernola dont la lame était rouge.

Ce n’est pas de cela qu’elle eut peur.

Derrière la grâce charmante qui était la nature même de Laure, il y avait une étonnante vigueur physique.

Elle avait fait ses preuves. Les hasards de sa vie d’aventures l’avaient mise bien des fois en face d’une arme.

Elle était avertie et en garde : sa main droite, cachée dans les plis de sa robe, serrait la crosse d’un mignon revolver apporté d’Amérique.

Mylord s’arrêta à deux pas d’elle et il était temps.