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— Il n’y a, dit-il, que vous de brave ici, ma femme.

Laure ne répondit pas. Mylord reprit :

— M. Preux, quand votre messager est revenu, ne vous a-t-il pas dit qu’il y avait quelqu’un avec le chef de la police, au café du Commerce, place des Trois-Marie ?

— Si fait, répondit le Poussah : mon soldat m’a dit qu’il y avait quelqu’un.

— Vous a-t-il dit le nom de ce quelqu’un ?

— Non.

— Votre messager connaît-il Vincent Chanut ?

— Oui, certes.

— C’était pourtant Vincent Chanut qui était avec M. Morfil.

— Alors, s’écrièrent ensemble Mœris et Moffray, nous sommes cent fois, mille fois perdus !

En s’essuyant à deux mains, le Poussah fit ruisseler la sueur de son crâne qui trempa le sol.

— Il se déguise très-bien ce Chanut poursuivit froidement Mylord. Quand il est sorti du café, je l’ai suivi jusque chez lui, et je l’ai attendu dans son propre escalier. Je savais qu’il rentrait pour faire toilette. Il devait être des nôtres, ici, chez Mme la marquise, et sans doute il n’y serait pas venu seul, car il avait des invitations plein ses poches. Il est ressorti au bout de vingt minutes et je ne l’ai pas reconnu : c’était un gros bourgeois blond, habillé tout comme un notaire. Mais quand il a été couché mort sur le palier du quatrième étage…

— Vous l’avez donc frappé sans le reconnaître ?

Ceci fut dit par tout le monde à la fois.