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— Ah ? je crois bien ! répliqua Vincent ; je suis indispensable ; on se passerait plutôt des violons !

Vers neuf heures et demie du soir, Mme la baronne Laure de Vaudré rentra chez elle. Vingt minutes après elle montait en voiture pour se rendre à l’hôtel de Sampierre. La marquise Domenica en était encore à choisir sa robe que déjà M. le comte Pernola, reprenant son service, donnait le coup d’œil du majordome aux salons pleins de lumières.

Toute la valetaille était sous les armes, dîmant d’avance sur les provisions destinées au buffet, et regardant en pitié les gagistes qui allaient faire le service pour de bon.

Car, règle général, on embauchait toujours des auxiliaires chez la marquise chaque fois qu’il y avait à faire quoi que ce fût. Les dignitaires en titre d’office n’étaient pas là pour mettre la main à la pâte et le magnifique concierge Szegelyi, qui goûtait un panier de champagne en compagnie du sous-secrétaire de cuisine, résumait assez bien la situation générale en disant :

— j’ai exigé trois surnuméraires pour ma porte. Il faut bien que mes deux clercs s’amusent : c’est de leur âge.

Aucun invité n’avait encore paru, pas même les familles de province. L’antichambre paradait et daignait à peine accorder un regard aux splendeurs un peu banales des salons.

On causait avec une animation inaccoutumée, on parlait de l’arrivée du marquis Giammaria qui était entré si théâtralement, et qui, depuis lors, s’entourait de mys-