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— Je vais me permettre une course de fiacre.

— Pour une fois, répliqua la bonne femme, et quand on va dans le monde !…

Mylord prit, en effet, un fiacre, mais à l’heure.

En premier lieu, il se fit conduire au domicile de capitaine Blunt, chaussée des Minimes.

Il était bien sûr de n’y point rencontrer le pauvre Édouard !

Nous savons que la maison de capitaine Blunt n’avait pas de concierge et qu’il se privait de domestiques. Mylord mit en branle la sonnette dont le cordon pendait dans la cour pour le facteur. Personne ne répondit.

Mylord s’y attendait. Il monta et introduisit la carte de M. Chanut dans le trou de la serrure.

— L’hameçon a deux crocs, pensa-t-il. Si Chanut vit encore et qu’il vienne avant Blunt, il ira flairer au saut du loup, et alors son affaire est toisée !

En rentrant dans le fiacre, il dit au cocher :

— Rue de Babylone, coin de la rue du Bac.

Ce fut là qu’il descendit, au revers des Missions étrangères. Il paya et continua sa route à pied jusqu’à l’entrée du Trou-Donon dont il enfila la ruelle étroite.

Il y avait de la lumière à la fenêtre du Poussah. Mylord ne s’arrêta point.

En traversant le terrain découvert au devant du saut du loup, il jeta un regard aux illuminations de l’hôtel de Sampierre qui brillaient à travers les arbres.

Cela le fit sourire.

Puis il atteignit la pauvre porte de la maison de l’aveugle qu’il poussa sans frapper.