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— Je ne connais pas la princesse… commença Laure en s’adressant à Félicité.

Mais Mylord l’interrompit pour dire froidement :

— Madame, vous vous trompez, vous la connaissez, et il faut recevoir !

Le père Preux souffla :

— Demandez si la minette est accompagnée.

— La princesse est-elle seule ? interrogea Laure.

— Elle a sa dame de compagnie, répliqua Félicité qui semblait être aux anges, et un jeune monsieur qui s’appelait hier Édouard Blunt… Madame le connaît bien aussi, celui-là… et qui m’a prié de l’annoncer aujourd’hui sous le nom du comte Dominique de Sampierre.

— Ça se gâte ! dit Mœris à Moffray. Mlle d’Aleix va nous reconnaître !

Laure éprouvait une véritable angoisse. Elle avait cru son secret bien gardé : Charlotte ne connaissait que Mme de Vaudré. Édouard n’avait vu que Mme Marion.

Qui donc l’avait trahie ? Et que faire ?

Au travers même de sa détresse, une pensée de femme passa : Ce gros homme, ces odeurs de bière et de pipe qui emplissaient le salon, tout cela lui fit honte.

— Non ! dit-elle. Je ne puis recevoir… Je ne le veux pas !

— Il le faut ! prononça Mylord, dont l’accent était impérieux de nouveau.

— Je crois qu’il a raison, appuya le Poussah : on verra venir.