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Mlle Félicité se montra à la porte et dit :

— Il y a un homme déchiré, qui a l’air d’avoir été battu et roulé. Il apporte une lettre pour M. Preux. Il dit que M. Preux est ici. Connais pas M. Preux.

— Donnez, bergère, fit le Poussah, et offrez un verre de vin au porteur, pendant qu’il attendra la réponse.

Mlle Félicité sortit et retourna près de Zonza qui se frottait les côtes à la cuisine, en compagnie de son vainqueur Joseph Chaix. Il y avait trêve entre eux.

Ici une explication de détail est nécessaire : le gros coup de sonnette n’appartenait pas à Zonza. Zonza était arrivé depuis plusieurs minutes et sa lettre aussi.

Félicité avait d’abord porté la lettre à son nouveau maître et seigneur, Vincent Chanut, installé bien commodément par ses soins en un lieu dont nous parlerons bientôt.

C’était sur l’ordre même de Chanut que Mlle Félicité avait délivré le message au père Preux, le véritable destinataire.

Le gros coup de sonnette venait de Joseph Chaix, également porteur d’une lettre. Nous savons que celle-là était adressée à Chanut en première ligne et, à son défaut, à M. Preux ou à Mme Marion :

Le Poussah ne fut pas long à déchiffrer la missive apportée par Zonza. Elle ne contenait que ces mots :

« Cher voisin, je ne me sens plus de force à garder tout seul ma vivante mine d’or. J’ai dû faire revenir M. le marquis de S… qui me semblait par trop exposé dans sa maison de santé, mais maintenant qu’il est seul dans ce pavillon isolé, je tremble. Je n’ai personne à qui me