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Il ne se trompait pas, ce gros sorcier de père Preux. Vincent Chanut avait été derrière la porte, et il y était encore. Tout ce qu’on peut accorder, c’est qu’il n’y était pas au moment précis où Mylord avait fait sa visite.

Nous ne pouvons mesurer ici qu’une très-petite place aux amours de M. Baptiste et de Mlle Félicité, mais il ne nous est pas permis non plus de les passer complètement sous silence.

Il y a d’adorables détails dans tous les amours ; amours de paysans, amours d’ouvriers, amours de soldats. Nulle part, en fait d’amour, la gaieté ni même un petit brin de ridicule n’excluent la chère émotion qui fut le génie de tant de poètes.

Mais connaissez-vous l’amour des domestiques ?

Je ne donne pas Vincent Chanut pour un de ces héros de la police impossible que nous autres romanciers nous créons si aisément et avec tant de plaisir. Vincent Chanut était tout simplement un garçon réfléchi, sachant son métier sur le bout du doigt.

Du moment qu’il se glissait dans la peau de M. Baptiste, valet de pied en disponibilité, il devait jouer son rôle à la façon de l’excellent Bouffé, avec cette perfection dénuée de hardiesses qui n’est assurément pas le génie, mais qui est peut-être bien la vraie vérité.

Ce qui séduit éternellement Mlle Félicité, quel que soit d’ailleurs son nom, c’est ce je ne sais quoi qui parle de foin dans les bottes ; ce qui l’entraîne c’est l’idée que ce foin a été, non pas récolté, mais maraudé. Le pillage est ici la poésie d’état. On peut aimer l’argent gagné ; l’argent conquis est adorable !