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homme, que donnera-t-on aux membres plus importants de l’association ?

Mylord n’avait pas bougé depuis qu’il s’était assis droit et raide sur son siège. Il était tout blême et semblait souffrant.

— Laura, ma poule, dit le Poussah en s’adressant à Mme Marion, pourquoi vous êtes-vous embarrassée de ces deux beaux messieurs ! ils ne savent rien de nos affaires. Au moins le petit cou-tors n’est pas bavard : il écoute.

Il fit un signe de tête protecteur à Mylord, qui le regardait, muet et immobile comme une pierre.

Mme Marion répondit :

— Mœris et Moffray sont de bons garçons ; ils ont été employés par la marquise, cela leur donne pour nous une importance, tant que notre pièce garde les allures de la comédie. Quand le drame va venir. Moffray et Mœris auront des rôles qui sont distribués d’ordinaire à des acteurs de méchante mine dont l’approche seule éveille en moi des répugnances. Je les ai choisis parce qu’ils n’ont pas la tournure de l’emploi et parce que les salons de Sampierre ne leur ont pas été ouverts par moi. C’est commode.

Le chasseur de chevelures et l’homme d’affaires échangèrent un regard inquiet. Papa Preux approuva de la chope qu’il portait à ses lèvres.

— Vous n’avez pas changé depuis le temps, Laura, dit-il avec caresse, vous êtes un vrai bijou. Seulement, pour la besogne dont vous parlez, les ouvriers de mauvaise mine ont leur prix. En Bourse, nous connaissons