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— Je suis ici pour cela : ce moyen…

— Je parie que ce moyen, c’est mon cher fils Domenico ?

— Vous ne vous trompez pas, monsieur, dit Charlotte dont la voix se fit sévère. Que Dieu me donne le pouvoir de vous convaincre. Quand on vous enleva l’administration de vos biens, un conseil judiciaire fut nommé par les soins du comte Pernola. Il choisit, à la vérité, les personnages les plus considérables de votre famille ; mais, servi qu’il était par les circonstances, il s’arrangea de manière à ce que les membres de ce conseil, résidant tous à d’énormes distances, fussent difficiles à réunir. Plus d’une fois, l’idée m’est venue de convoquer l’assemblée de vos parents, non pas tant pour vous encore que pour ma bien chère tante Domenica qui est abandonnée en proie aux déprédations de toute une armée de bandits domestiques, de charlatans et d’aventuriers, mais, dépourvue que je suis de tout mandat, je reculais devant les difficultés de l’entreprise. Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, la chose est faite : Courtenay, Rohan, le patriarche Ghika, Comnène et M. de Cypre-Lusignan sont réunis en votre hôtel. Comment cela s’est fait, je l’ignore, mais cela est.

— Et M. Édouard Blunt… je veux dire mon fils Domenico ignore-t-il, lui aussi, comment cela s’est fait ? demanda le marquis.

— Une fois pour toutes, mon père ou monsieur, comme il vous plaira que je vous appelle, répondit Édouard non sans quelque rudesse, j’ignore tout. Les noms de ces respectables seigneurs me sont absolument inconnus.