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malgré le danger des allées et venues, je me procurai ce qu’il fallait pour remplacer le contenu de la carafe, et j’emportai le breuvage qui était destiné à Roland.

Je dois dire que l’analyse chimique de ce breuvage ne donna aucun résultat appréciable.

L’opération fut faite trois fois, en ma présence, dans trois laboratoires différents.

Le docteur Leoffanti était un homme habile.

Et cependant, Roland reprenait vie, depuis qu’il s’abstenait de ce breuvage. La bonne marquise criait déjà au miracle. Moi, derrière la joie apparente de Pernola et du docteur sicilien, je croyais découvrir un étonnement.

La marquise Domenica était si heureuse qu’elle voulut donner une part de sa joie à son mari. Elle est très-bonne. Le marquis vint. J’avais fait promettre à Roland le secret le plus absolu.

Le second soir du séjour de M. de Sampierre, quand je voulus me retirer après le dîner, il me serra dans ses bras et me dit à l’oreille : « Vous êtes notre bon ange ! Merci ! »

Il était dans un de ces instants où sa raison semble lui appartenir tout entière. Comme je le regardais effrayée, car je devinais que Roland avait parlé, il ajouta : « Il faut couronner votre œuvre, ma belle chérie. L’ange ne doit plus quitter le chevet de mon fils. Je veux que nous ayons des noces. »

Dans ma chambre, je trouvai Domenica qui m’attendait les mains pleines d’écrins. L’idée de son mari avait été discutée et approuvée en famille. Pernola en était